Résumé
Produit de la centralisation monarchique et des révolutions modernes, l'État-nation apparaît aujourd'hui bien mal adapté à l'intégration économique mondiale. Les eurosceptiques, qui en revendiquent l'héritage et affirment sa pérennité, redoutent l'ouverture des frontières et appellent au refus de la mondialisation des échanges. Les euro-libéraux, qui se satisfont d'une Europe du grand marché, n'ont que faire des structures politiques et se moquent des malheurs des États nationaux. Les fédéralistes, qui défendent à la fois l'ouverture des frontières et la formation d'un espace politique intégré à l'échelle européenne, fondent leur position sur la nécessité d'élever le pouvoir politique à la hauteur de la puissance nouvelle de l'économie afin de lui faire contrepoids.
Jürgen Habermas est de ceux-là. L'un des plus grands philosophes contemporains dessine les contours d'une politique européenne qui ferait toute sa place à l'exercice de la citoyenneté et à la mise en oeuvre de la justice sociale.
Né en 1929, Jürgen Habermas, dernière grande figure de l'École de Francfort, est le philosophe allemand contemporain le plus renommé à l'étranger. Ses interventions dans le débat politique font de lui un interlocuteur privilégié pour tous ceux qui, en Europe, et singulièrement en France, réfléchissent à la crise qui bouscule les institutions héritées des Lumières. Une vingtaine de ses livres ont été traduits en français, dont, dans la collection « Pluriel », Après Marx.