Résumé
Les trois thèmes autour desquels est construit cet ouvrage, pouvoir, mobilisations collectives et révolutions, ont chacun une place reconnue dans la sociologie politique contemporaine ; mais il est encore rare qu'ils soient associés.
Penser le pouvoir en termes relationnels permet d'échapper à la tentation de l'enfermer dans des structures de domination supposées intangibles : il faut apprendre à reconnaître la dynamique propre de pouvoir.
De son côté, la mobilisation est confrontée aux(x) paradoxe(s) de l'action collective : la capacité de s'organiser est en effet répartie de façon différentielle selon les acteurs et les groupes.
Ainsi les mobilisations collectives peuvent constituer un éventuel remède aux déséquilibres de pouvoir ; mais elles se révèlent parfois impossibles ou, dans d'autres cas, précaires. Sans doute faut-il se garder de ramener les révolutions, phénomène multidimensionnel, à de simples mobilisations réussies ; mais l'attention qui est portée ici aux enchaînements révolutionnaires invite à accorder aux processus de mobilisation une importance significative, comme on tente de le montrer à travers l'exemple de l'Allemagne de l'Est. La mobilisation n'est plus simplement alors un défi aux autorités établies ; elle est susceptible, dans ces cas extrêmes, de détruire les bases mêmes de leur domination.
François Chazel est professeur de sociologie à l'Université de Paris-Sorbonne. Ses recherches et publications portent à la fois sur des questions de théorie sociologique et sur des problèmes relevant de la sociologie politique, en particulier sur les trois thèmes majeurs du présent livre.