Groenland, entre indépendance et récupération géostratégique ?

Le « pays vert » où s'est établi Erik le Rouge au X^e siècle, centre des civilisations Dorset et Thulé, est devenu, au début du XXI^e siècle une terre de convergence d'intérêts géopolitiques et géoéconomiques majeurs. Territoire autonome du Royaume du Danemark et territoire d'outre-mer associé à l'Union européenne, le Groenland cherche la voie de son indépendance. Il dispose d'institutions législatives et exécutives autonomes ainsi que du contrôle sur son économie et est un enjeu incontournable dans la course au contrôle des ressources de l'Arctique.

Le Groenland occupe une place stratégique dans ce nouvel espace de compétition et de coopération entre grandes puissances, riche en ressources énergétiques, minières et halieutiques. Ce pays inuit et danois est au carrefour des intérêts américains, canadiens, chinois, russes et de l'Union européenne. Celle-ci est un partenaire important, mais tarde à développer les liens politiques et économiques qui pourraient lui assurer une place égale à celle des États de la région.

L'avenir du Groenland est aussi l'avenir de l'Arctique, entre coopération et compétition autour des ressources naturelles, mais aussi en matière de sécurité et de défense. Le contrôle du Grand Nord est l'enjeu principal des stratégies nationales et régionales et le Groenland, autonome ou indépendant, y occupe une place centrale.

Viviane du Castel, docteur en sciences politiques, est analyste et enseignant-chercheur ISEG-ISERAM, ISMEA, spécialiste des problématiques européennes et énergétiques.
Paulo Brito, ancien Secrétaire-adjoint à la Section de Défense à l'Assemblée de l'Union de l'Europe Occidentale (AUEO), est consultant auprès du ministère de l'Éducation nationale du Gabon, spécialisé sur les questions de sécurité et défense européennes et internationales.