Résumé
Tout se passe comme si les sociétés contemporaines connaissaient, en ce début du XXIe siècle, une transformation profonde de leurs principes d'organisation. Il semble que l'on soit entré dans un âge nouveau, dans lequel l'architecture sociale tout entière est en passe d'être redéfinie, au prix de fortes secousses : la société « moderne », dont les contours ont été tracés en Occident avant d'être diffusée à l'échelle planétaire, tend à faire place à une société nouvelle qui, si elle s'enracine dans la modernité, n'en présente pas moins des caractéristiques différentes, donc « post-moderne ».
Les changements qui affectent l'État ne sont qu'un des aspects de cette mutation et, en tant que tels, indissociables des mouvements de fond qui agitent le social.
L'entrée de l'État dans l'âge de la post-modernité se traduit par la remise en cause des attributs classiques qui étaient les siens, sans qu'il soit possible pour autant de tracer les contours d'un autre modèle étatique : l'État post-moderne est un État dont les traits restent marqués par l'incertitude, la complexité, l'indétermination.
Pour l'analyser, il est seulement possible de dégager un certain nombre d'aspects qui sont la marque, l'indice, le signe tangible de cette indétermination nouvelle : la reconfiguration des appareils d'État (chapitre 1) et les transformations corrélatives dans la conception du droit (chapitre 2), recouvrent ainsi un mouvement plus profond de redéfinition du lien politique (chapitre 3).
Jacques Chevallier est professeur émérite de l'Université Panthéon-Assas (Paris II), membre du « Centre d'études et de recherches de sciences administratives et politiques » (CERSA-CNRS). Ses travaux portent sur la théorie de l'État et du droit, la science administrative et les institutions politiques, la sociologie du droit, le droit public.