La nature juridique de la présomption d'innocence : comparaison franco-allemande

L'actualité juridique et politique de ces dernières années est fortement marquée par les multiples évocations de la présomption d'innocence qui est tantôt vénérée, tantôt décriée. Ce constat n'est pas une particularité de notre temps, puisque des débats doctrinaux prolifèrent dès le XII^ème siècle à propos de son ancêtre, la praesumptio bonitatis. La présomption d'innocence ne serait-elle pas l'une de ces vieillardes du droit omniprésente au point de devenir si familière et courante, qu'il n'est pas ou plus besoin de la connaître ? L'auteur du présent ouvrage se garde bien de succomber à la facilité du renoncement. Il part d'un postulat très bergsonien, selon lequel l'esprit a une irrésistible tendance à considérer comme claire l'idée qui lui sert le plus souvent, si bien que cette idée gagne une clarté intrinsèque abusive et trompeuse. La comparaison franco-allemande, la théorie du droit, la philosophie du droit et l'histoire du droit sont ainsi mises au service d'une ceuvre de subversion destinée à déconstruire les conceptions habituelles voire routinières de la présomption d'innocence et à reconstruire les fondations de ce temple millénaire, n'en déplaise à ses gardiens...

L'ouvrage de Monsieur Hervé Henrion est le fruit d'une recherche réalisée sous la codirection d'un universitaire français, Madame le Professeur Christine Lazerges (Paris I.), et d'un universitaire allemand, Monsieur le Professeur Heike Jung (Universität des Saarlandes). Il s'agit d'une thèse rédigée sous le régime de la cotutelle franco-allemande ayant permis à son auteur d'obtenir parallèlement le grade de docteur de l'Université de Montpellier I et celui de doctor iuris de l'Université de la Sarre. En avril 2005, ce travail a été récompensé par le Premier Prix de thèse de la faculté de droit de Montpellier.