Le personnel gouvernemental sous la Ve République

Si les ministres de la Ve république se situent, à bien des égards, aux antipodes de leurs prédécesseurs des III e et IV e Républiques, l'institution ministérielle conserve son prestige et son éclat. Elle demeure également paradoxale, l'éminence et la fascination qu'exercent les fonctions gouvernementales ne devant pas dissimuler leur fragilité et leur précarité. Elle reste aussi largement méconnue, en dépit de l'impression de familiarité, souvent fallacieuse, qui s'attache aux membres du gouvernement. Comment devient-on membre du gouvernement sous la Vè république ? En quoi les ministres et secrétaires d'état d'aujourd'hui se distinguent-ils de leurs devanciers ? Les choix effectués par M. Valéry Giscard d'Estaing diffèrent-ils de ceux opérés par le Général de Gaulle et par Georges Pompidou ? Et les ministres de M. François Mitterand s'opposent-ils autant qu'il y paraît, à ceux des premiers Présidents de la Vè République ? Par l'examen systématique - dans leur contexte politique et juridictique- des carrières des 262 personnalités qui se sont succédé au gouvernement entre le 8 janvier 1959 - date de la formation du gouvernement Debré - et le 20 mars 1986 - date de la cessation des fonctions du gouvernement Fabius -, Jean Cabannes détermine, précise la mesure et met en lumière les traits dominants de ce qui apparaît, à plus d'un titre, comme un nouveau personnel gouvernemental. Au premier rang de ses caractéristiques figurent ainsi sa présidentialisation, liée au rôle constant joué par le chef de l'état dans l'accès, l'exercice et l'issue des fonctions gouvernementales, et sa fonctionnarisation, en raison du poids permanent, généralisé et diversifié joué par les agents de l'état parmi les membres du gouvernement depuis 1959.