Résumé
Dans les représentations communes, la RDA est synonyme de dictature implacable, symbolisée par la Stasi. Or, la persistance de la nostalgie de l'ancien système dans les nouveaux Länder, bien illustrée par le film Good-Bye Lenine, incite à regarder de plus près un régime capable de provoquer des sentiments si contradictoires. À travers le prisme des politiques du logement, ce livre propose d'ouvrir la boite noire de l'Etat communiste, de cerner les ressorts concrets de la domination, mais aussi ses limites. La pénétration du social par le pouvoir eut comme contrepartie la porosité de l'État aux citoyens, capables de se glisser dans les interstices d'un État moins monolithique que l'on pense.
Dépassant l'opposition entre une histoire politique « par le haut » et une histoire sociale « par le bas », ce livre apporte un éclairage original des régimes communistes. Plus fondamentalement, la socio-histoire des instruments de domination bureaucratiques invite à repenser les distinctions classiques entre régimes politiques, conduisant ainsi à réinterroger le rôle des savoirs dans l'action publique, la légitimation et la production de comportements conformes.
Jay Rowell est chargé de recherche au CNRS et membre du Groupe de sociologie politique européenne à Strasbourg. Ses travaux portent sur la sociologie de l'Etat communiste et l'histoire urbaine en Europe.