Les cahiers de la justice, 2020 N°3

Dossier : Avocat, un métier en transition
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Tribune : Année 2020 : le monde "constellaire" des avocats par François Saint-Pierre Dossier : Avocat : un métier en transition Lorraine Bertagna, Coralie Gaffinel, Antoine Garapon, Catherine Glon, Véronique Hardouin, Jérôme Herbert, Pierre-Emmanuel Jean, Anne Karila-Danziger, Delphine Maréchal, Alain Mikowski, Philip Milburn, Joël Moret-Bailly, Amélie Morineau, Nelly Noto-Jaffeux, Isaline Poux, Anne-Carine Ropars-Furet, Sandra Travers de Faultrier. Chroniques : Les juridictions face à la pandémie de Covid-19 par Jean-Paul Jean Les décisions disciplinaires du Conseil supérieur de la magistrature vues par le Conseil d'État par Jean-Christophe Lapouble "Existe t-il une vérité ?" : un dialogue entre avocat et philosophe par Laurence Mathias, Lorraine Bertagna Le renouveau de la médiation par Jean-Pierre Bonafé-Schmitt Dans un monde plongé dans la violence, où nul ne reconnaît l'autre sauf comme son ennemi, la rencontre avec le visage est salutaire. Elle permet de nous reconnaître comme semblable. Y compris dans notre vulnérabilité car le visage est la partie la plus exposée aux violences. Le visage, si l'on en croit Emmanuel Levinas, n'est pas seulement fait de chair mais est un condensé de notre humanité commune. Quand les hommes cherchent à sortir de la violence, ils doivent nécessairement se parler, se rencontrer, se voir. Dans les affaires de terrorisme, un nuage d'insécurité plane sur cette rencontre. Nous connaissions les cagoules de l'escorte, les témoignages anonymes des policiers et l'usage fréquent de la visioconférence. La communication est froide, désincarnée quand on n'a plus en face de soi qu'un écran sans présence ou une voix sans locuteur. Avec la généralisation du masque imposé aux audiences par la pandémie de la COVID-19, un pas de plus est franchi. Jamais dans l'histoire de la justice, nous n'avions connu des juges masqués. Tous les acteurs - avocats, accusés, témoins - disparaissent presque totalement. Plus aucune expression ne devient lisible derrière ces visages en tissus. Le champ de l'émotion - si important aux assises - ne transparaît que par la voix et les gestes (notamment des avocats). Chacun cherche, malgré la contrainte, un autre registre d'expression. Le masque nourrit la pantomime et exalte le secret. On se devine du geste, on se guide au ton de la voix. La relation à autrui est fonctionnalisée, désincarnée, aseptisée. Le contact avec l'écran ajouté au port du masque décontextualise la comparution en justice. La qualité de la coprésence inhérente à l'oralité est lourdement affectée comme l'ont déploré les avocats à l'audience du procès des attentats de janvier 2015. Que reste-il ? Le regard, la voix, les gestes. Il faut se concentrer sur ces points pour compenser l'absence du visage. Ce qui suppose d'ajuster notre regard comme une lentille sur ces zones d'émergence afin de deviner qui parle. Et ainsi comprendre ce que cache le masque et ne disent pas les lèvres. C'est donc le son de la voix, l'impact du regard, l'inclinaison du visage, la position des mains mais aussi la vêture qui seront le seul guide. Le masque rend ainsi visible ce qui nous est propre et que voulons montrer, qu'il s'agisse d'un voile noir, d'un dessin, d'un pin's. Chacun affirme ainsi son éthos. Il faudrait inventer une sémiotique de l'audience sans visage. Une analyse de la face c'est-à-dire de l'image que chacun veut donner de soi en se présentant à la barre pourrait éclairer une scène judiciaire aussi étrange.
EAN 9782247199907
ISBN 978-2-247-19990-7
Date de parution 14/10/2020
Type d’ouvrage Revues
Support Revue
Langue Français
Auteur(s) Collectif
Editeur Dalloz
Collection Les cahiers de la justice
Thème Droit > Professions du droit > Acteurs de la justice / Actualités
Les cahiers de la justice, 2020 N°3 -  Collectif | Lgdj.fr
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