Les libertés collectives des travailleurs

Le professeur Alain Supiot, observateur expérimenté des relations individuelles et collectives du travail affirmait, dans l'une de ces récentes contributions que les crises financière, économique, sociale et politique actuelles sont des crises plus profondes du Droit. L'auteur de la Critique du droit du travail précise que ces crises proviennent de l'affadissement des libertés collectives des travailleurs, pourtant inventées pour permettre aux libertés individuelles de ne pas rester à la lisière de l'entreprise et, en conséquence, pour sortir les travailleurs du dilemme de la subordination volontaire résultant de leur rapport contractuel avec l'employeur. Cette étude se propose d'apporter quelques éléments déterminants de réponse dans la discussion. L'ouvrage, tiré d'un sujet de thèse, n'est pas un catalogue, c'est pourquoi la réflexion est abordée à partir de la réalité de deux pays, choisis en connaissance de cause, non par inadvertance, tant s'en faut : le « pays des droits de l'Homme » et le « Quartier Latin de l'Afrique ». La problématique de la fondamentalité des prérogatives de l'Homme au travail en Afrique se trouve de l'évidence impliquée. En somme, l'effectivité des droits à expression collective des travailleurs occupe le centre d'intérêt principal de la démonstration. Corroborée par l'actualité récente, elle permet de mettre en exergue la finalité plurielle des libertés collectives des travailleurs : prérogatives constitutionnelles permettant de faire pénétrer la dignité humaine dans l'espace de l'entreprise, outil essentiel de régulation de l'activité économique, contre-pouvoir syndical incontournable dans les stratégies de prévention des difficultés majeures de l'entreprise. Il s'agit là certes, d'une pièce maîtresse dans la compréhension des mouvements majeurs qui dominent actuellement le monde.

Chargé d'enseignements à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne depuis 2007-2008, Ahmed Bello est actuellement attaché temporaire d'enseignement et de recherche à l'université Paris XII-Val de Marne. Il parfait par ailleurs sa formation au titre d'avocat aux Barreaux et à la Cour d'Appel de Paris.