Résumé
Les mots les plus courants sont, en général, les plus difficiles parce que leur maniement quotidien en fait oublier le sens. La citoyenneté qui, depuis la Révolution, a remplacé la sujétion, est évidemment un concept chargé politiquement parce qu'avec d'autres mots - comme liberté, universalité, droit et loi - elle désigne la logique du système dans lequel les sociétés contemporaines démocratiques fonctionnent. Mais, dans un passé récent, le mot a qualifié toutes sortes d'objets, de situations ou de projets, en affaiblissant ainsi le sens.
Il convient donc de reprendre ce nuage de mots en les soumettant à une triple interrogation. De quelle histoire, quelquefois lointaine, sont-ils l'écho ? Quelles sont les règles juridiques qui organisent la définition et l'usage de ce terme de citoyenneté ? Enfin, quels usages politiques variés, et parfois contradictoires, viennent donner consistance à ce mot et à ce vocabulaire ?
C'est cette démarche qui est proposée au lecteur pour qu'un dictionnaire de mots devienne une aide à la réflexion.
Michel Miaille<:b> est professeur honoraire de droit et science politique à l'Université de Montpellier. Auteur d'une Introduction critique au droit (Maspero), traduite en plusieurs langues, il est l'un des fondateurs du Mouvement critique du droit. Militant associatif notamment à la Ligue de l'enseignement, il est l'auteur de La laïcité (Dalloz, coll. « A savoir »), et assure de multiples conférences et formations sur ce thème.