Résumé
Colloque du CENTRE, Caen, novembre 2004.
Notre démocratie moderne suppose l'existence de partis politiques. Mais cette évidence recèle une contradiction intime, que les interventions publiées dans cet ouvrage laissent entrevoir, et dont le sous-titre entend rendre compte : inséparables, mais incompatibles.
Inséparables, puisque la démocratie ne peut fonctionner sans ces regroupements de citoyens, seuls susceptibles d'élaborer des programmes, de sélectionner des candidats, d'animer le rituel électoral, puis d'occuper le pouvoir ou d'en contester l'exercice. Lien que confirme, d'ailleurs, l'expérience historique, qui montre que la démocratie moderne, conçue comme mode électif de dévolution du pouvoir, suscite mécaniquement l'apparition de partis politiques.
Mais si ces derniers sont à la fois la condition et la conséquence du système démocratique, ils sont aussi un obstacle majeur à son fonctionnement harmonieux, à son principe et à sa pérennité. Dans l'idéal, la démocratie ne connaît que des citoyens semblables, dotés d'une fraction égale de la souveraineté. Les partis, en revanche, sont toujours soupçonnés de vouloir usurper un pouvoir qui ne leur appartient pas, et d'imposer leurs intérêts particuliers au détriment de l'intérêt général. Par leur simple existence, ils créent de l'inégalité, de la différence et de la division - ne serait-ce qu'en constituant, au sein du peuple, de prétendues « avant-gardes » soumises à des oligarchies internes.
Et l'on en revient, finalement, à la question posée en ouverture du colloque : l'espace politique de la démocratie peut-il se structurer sans partis? Mais, à l'inverse, peut-il survivre à leur hégémonie sur la vie publique ?
Sous la direction de Christophe Boutin et Frédéric Rouvillois.
Nicolas Bauquet . Christophe Boutin . Jacques Bouveresse . Stéphane Caporal . Michel Clapié . Jean-Marie Denquin . Olivier Gohin . Philippe Guillot . Alain Laquièze . Patrick Longuet . Béatrice Majza . Bertrand Pauvert . Frédéric Rouvillois