Politique de la comptabilité publique

Le 28 mai 2013, la Cour des comptes rendait public l'acte de certification des comptes de l'État pour l'exercice 2012 et le citoyen, tout en mesurant l'ampleur du déficit, pouvait s'étonner de la précision, à l'euro près, du résultat budgétaire de l'État : -87 149 974 441,19 .

« Dans un univers financier fuyant, la comptabilité publique est sommée de fournie des comptes exacts quand tout indique que l'état des finances se dégrade. C'est pourquoi Necker et Audiffret demeurent aujourd'hui encore des références de premier ordre. »

En six chapitres où l'humour le dispute souvent à la rigueur et à la lucidité, Philippe Saunier éclaire le lecteur sur les origines, les principes qui fondent la comptabilité publique mais pointe également les insuffisances qui se manifestent aujourd'hui : déséquilibre des régimes de responsabilité, principes constitutionnels déformant la réalité des situations financières, hésitations dans les représentations comptables de l'activité des collectivités publiques.

Qu'une matière incroyablement minutieuse, soumise de longue date au contrôle du juge, se soit développée tandis que les déficits publics et l'endettement devenaient la norme, montre que les structures politiques françaises ont longtemps tenu la comptabilité pour secondaire. Mais aujourd'hui, même si l'on peut douter de la possibilité de se convertir rapidement aux exigences de la nouvelle comptabilité européenne et des normes publiques internationales, Fauteur le rappelle : « Désormais, ce sont les chiffres qui s'imposent au pouvoir politique. Cette République comptable couvait depuis deux siècles ».

Sur un sujet ardu qu'on penserait volontiers réservé aux spécialistes mais qui, de fait, concerne tout citoyen, Philippe Saunier, professeur de droit à l'Université de Nice-Sophia Antipolis (GREDEG-UMR 7321), d'une plume alerte et érudite, nous offre des pages particulièrement documentées et nourries d'exemples. Un bonheur de lecture.