Refonder l'espace public

La déshérence du débat politique au sein de l'État, qui caractérise notre époque, tend à isoler toujours plus la propriété intellectuelle de l'environnement, à la séparer du bien commun. La culture devient marchandise en même temps que Sciences-Po devient une école de commerce... Pourtant, c'est l'intérêt général et l'espace public qui fondent cette propriété intellectuelle, en particulier celle que l'on attribue aux oeuvres littéraires et artistiques. Nous avons longtemps opposé le champ de la nature au champ de la culture, et nos sociétés démocratiques reposent sur le postulat que cet état « naturel » précède l'état politique. Il est primordial de réconcilier environnement et culture et de concevoir la « propriété » intellectuelle comme structurant l'espace public. L'environnement naturel, lorsqu'il résulte du travail de personnes physiques ou morales, de droit privé ou de collectivités doit donner lieu à des droits intellectuels, à des droits incorporels moraux et patrimoniaux par analogie à la propriété intellectuelle. Il ne s'agit plus d'avoir ou de posséder, mais bien d'être en conscience dans un espace commun partagé. L'environnement intellectuel est l'avenir de l'environnement naturel, lieu d'origine de la démocratie, et lieu de son nécessaire ressourcement. Préface d'Evariste Wayaridri. Antoine Gitton, diplômé de droit public, de sciences politiques et de droit privé, a été conseil juridique d'une société de production aux États-Unis. Il est avocat depuis 1991 et chargé de cours à l'université de Paris-Ouest depuis 2004. Il a publié de nombreux articles de doctrine juridique dans diverses revues spécialisées et fait partie du laboratoire Blue Society qui appréhende l'océan comme un espace politique, social et culturel.