Résumé
C'était tait une journée encore chaude d'été, à l'automne 2019 à Istanbul. Nous nous rendions avec une délégation de confrères à la prison de Silivri, quarante mille prisonniers, pour rencontrer, notamment, Ebru Timtik, avocate, détenue pour avoir exercé son métier : défendre. Défendre des personnes qui déplaisaient au pouvoir en place.
Elle avait le Visage éclairé de sourire, d'elle une folle gaieté se dégageait malgré le sort qui lui était réservé, les années de prison promises par une justice aux ordres. Elle était poète. Et chanteuse. Elle savait que l'écriture sauve de tout, même de l'injustice. Ses textes, nous sommes en train de les rassembler pour les faire paraître. À l'heure où cette sixième édition de la revue est imprimée, nous en avons reçu deux, écrits depuis sa cellule. Nous les publions en turc.
Ebru est morte le 24 août 2020, des suites d'une grève de la faim. Dans les prisons turques, on meurt de ça quand on est avocat. Une dernière photo d'elle la montre accrochée aux barreaux de sa cellule, elle sourit, de ses trente kilos, elle sourit à la vie et à la poésie, à l'espoir et à l'ouverture.
Ce numéro a pour thème l'Ouverture, thème décidé au début du confinement mondial. L'ouverture vers la mission de l'avocat qu'Ebru incarnait si bien. Il lui est dédié.
Étienne Lesage, rédacteur en chef de la Revue littéraire du barreau de Paris.